Après avoir passé quelques jours au coeur d’Ulaanbaatar histoire de négocier l’obtention rapide de mon visa russe (règle numéro 1 : il est très difficile de négocier avec des russes, on en reparlera plus tard), l’heure était à un nouveau départ.

J’aspirais à un peu plus de quiétude et à vrai dire, les steppes mongoles nourrissaient mes fantasmes depuis un bon moment. Fini donc l’oppression d’Ulaanbaatar (du moins pour un petit moment, puisqu’il me faudra bien par la suite y retourner prendre mon train pour la Russie), et à moi les plaines infinies et enneigées…

Faute de temps et de budget, je n’aurai pas l’opportunité de suivre quelques backpackers au coeur du désert de Gobi, Qu’à cela ne tienne, je choisirai donc d’explorer l’ouest du pays. Je partirai néanmoins avec une équipe de choc : Sharon, une Israelienne, et Juha, un Finlandais.

Karakorum, cité mystique fondée en 1235 par Ögödei, 3ème fils du célèbre Gengis Khan (qui soit dit en passant est une marque de vodka réputée sur place !), fut la capitale de l’empire Mongol. La ville a connu une histoire mouvementée et à été occupée par les successeurs d’Ögödei jusqu’à ce que l’un d’entre eux, Kubilai Khan, ne transfère la capitale à Pékin.

Je me suis beaucoup documenté sur place à propos notamment de la dynastie des Yuan et retenez que Karakorum a été crée du fait que les mongoles, peuple nomade, n’avaient pas de capitale à proprement parler.

L’histoire retiendra également que dans les années 30, l’armée soviétique à partiellement détruit ce qui reste l’un des plus authentiques monastères bouddhistes que j’ai pu visiter : Erdene Zuu. C’est ce même monastère qui m’a donné envie d’en savoir plus sur le bouddhisme. J’avais déjà quelques bases de par mon périple au Népal, mais je ressentais le besoin d’en savoir plus (et qui plus est, le bouddhisme est, à l’image de l’hindouisme, une religion très complexe).

Au cour de 4 jours passés en plein coeur de la steppe, nous nous plierons bien évidemment aux coutumes locales, en commençant par la vie en communauté dans les yurts, ces gigantesques tentes que vous verrez un peu partout en Mongolie. Une famille d’environ 6 personnes peut y habiter sans trop de problèmes. A ce propos, j’ai été impressionné de constater que même depuis la France, il est possible de se faire construire sa propre habitation : voyez vous même !

Il faut alimenter régulièrement le foyer pour conserver la chaleur, car si une yurt isole du froid de par ses multiples renforts (les mongoles rajoutent même des couches supplémentaires durant l’hiver lorsque les températures viennent parfois à approcher les -30° C), on perd vite de la chaleur. Dans ces régions désertiques, le bois qui est souvent une denrée rare, convoitée, et logiquement économisée.

Il serait néanmoins utopique de croire que quelques buches vous procureront la chaleur jusqu’au petit matin, et c’est donc quotidiennement que nous nous réveillerons accueillis par des températures négatives. Réveillés dans la nuit par le froid, il faut parfois même penser à ravitailler tout le monde en degrés !

A quelques heures de Karakorum, en revenant sur la route d’Ulaanbaatar, vous trouverez le parc national Khogno Khaan, surnommé à juste titre le « Mini désert de Gobi« . Car en effet, au milieu de nul part, on se retrouve soudain confronté à d’importantes dunes de sables ! Je n’ai pas pu me rendre dans le vrai désert de Gobi, mais je gagne donc un magnifique lot de consolation.

J’ai également gagné le droit de rencontrer des habitants uniques,qui me marqueront profondément.

Ces mêmes habitants tellement timides d’énoncer les 2 mots d’anglais qu’ils connaissent, qu’ils en dégagent tout de suite une infinie tendresse à votre égard. Quelle joie d’avoir atteint le bout de la route, coupé du monde, coupé de tout. Le bonheur est transmissible, Sharon et Juha ressentent la même paix intérieure. Je le lis dans les yeux parfois embués. Quel sentiment de fierté du peuple qui nous accueille, palpable à tout instant. « Bayarlaa » (merci en Mongol), voilà le mot que nous répèterons le plus. J’obtiendrai des « Merci » en retour, assidument appris et pratiqués la veille lors d’une partie de carte en compagnie de nos hôtes.

Lorsque je revois mes images de Mongolie, je pense à eux chaque instant, en me demandant ce qu’ils deviennent, s’ils ont changés leurs yurts d’emplacement. Rappelons aussi au passage un terrible fait d’actualité, sur lequel j’étais tombé au journal TV, et qui m’avait secoué.

Internet est à des années lumières, vous ne lirez jamais ces lignes, mais ou que vous soyez, j’espère que vous allez bien…Et du coup, je vous dédie ma vidéo.