Lors de mon séjour au Vietnam, j’ai choisi de concentrer une partie de mon temps à Hoi An, ville côtière fortement touchée par la tempête Ketsana.

Le tourisme passait après tout, et j’ai du faire d’importants sacrifices de ce point de vue là sur mes points de passage. D’ailleurs, une grande partie des photos que vous pourrez voir sur l’espace Flickr du Vietnam ont été prises par d’autres backpackers (nous avons un bout de temps voyagé à plus de 20 entre Hanoi et Hoi An, toutes nationalités confondues). Mais la bonne nouvelle, c’est que cela me donnera une bonne raison de revenir.

Lors de mon premier jour à Hoi An, j’ai cherché à me renseigner sur les parties de la ville les plus touchées. A la réception de notre hôtel, c’était clair : « Cam Nam Island« , une presqu’île située au sud-est de la ville. Une moto louée et j’étais sur la route….

Ce que je ne savais pas, c’est que personne sur place ne parlait anglais. J’étais à la recherche du « Community building« , mais ne le trouvais pas. Tournant en rond, je me suis finalement arrêté pour demander de l’aide dans un « salon de coiffure » (ou du moins ce qu’il en restait..). La communication orale étant impossible, on m’a alors prêté un téléphone et lorsque j’ai pu enfin joindre l’hôtel, la réceptionniste à pu expliquer à la coiffeuse ce que je recherchais. Quelques kilomètres plus loin, je me suis d’abord fait inviter à boire un thé dans une maison en face de l’association, le temps que l’on puisse joindre son directeur.

Quelques dizaines de minutes plus tard, j’étais alors au coeur de l’organisation. « What is your budget ? How many families do you want to help ? » me lança alors son responsable, avec un sourire d’une sincérité extraordinaire. Il n’était supposé commencer son travail que quelques heures plus tard, mais était visiblement ravi d’avoir enfourché son scooter pour m’accueillir et me guider sur place.

Lui étant occupé la journée, il me fallait une personne capable de parler un minimum anglais pour que je puisse communiquer avec ces personnes que je m’apprêtais à rencontrer. Une jeune fille de l’association parlant un petit peu anglais, nous étions alors prêt à partir à deux motos, moi derrière suivant cette « interprète de fortune » ainsi qu’une responsable de l’association munie de la liste des personnes les plus touchées par le cyclone.

La souffrance que ces personnes peuvent endurer est quelque chose d’incroyable et je n’avais pas ressenti cette extrême dimension de détresse depuis l’Inde.

Lorsque vous vous plongez dans les yeux de ces maltraités de la vie, les larmes, vous ne les verrez jamais couler, mais vous pourrez les percevoir jusqu’au plus profond de leurs âmes. Arriver à garder une telle dignité dans ces moments-là est quelque chose d’incroyable, de surhumain, quelque chose qui m’a intérieurement beaucoup travaillé. Je ne pourrai non plus jamais oublier le regard plein de tendresse et d’amitié de ces démunis lorsque nous leur donnions notre (et pour certains d’entre vous, votre…) argent. Du sourire de ces petites filles à qui nous avons apporté cahiers de coloriages et crayons de couleur au « merci » de ces déshérités de la vie. Une expérience d’un autre monde.

D’ailleurs, grâce aux récents dons collectés (un grand merci au passage à Antoine, Anaïs, Sebastien, Guillaume, Mathieu, Jean-Charles, Jerome, Laurence, Mylene, Emmanuel, Romain, Marie, Ethel ainsi bien sûr qu’à mes parents) suite à ce podcast, j’ai pu ainsi distribuer une importante somme sur place lors de ma rencontre avec les familles les plus touchées. A nouveau, un énorme merci à vous.

Alors que je m’apprêtais à rentrer, je suis passé devant le cercueil d’une victime de la tempête. C’était trop, j’avais réussi à contenir mes larmes déjà trop de fois dans la journée. J’ai craqué.

La famille en deuil, toute de blanc vêtue, m’a tout simplement reçu comme un des leurs. Nous étions là, en bordure de mer, à prier tous ensemble. Je n’oublierai jamais le visage du père du disparu, de sa détresse intérieure jusqu’au moment ou il a compris ce qu’il venait de se passer en moi.

Je leur ai promis de revenir le lendemain.

Choqué et terriblement éprouvé par ce que je venais de vivre, je suis rentré à l’hôtel et alors que tout le monde ou presque rentrait de sa journée « plage et shopping« , j’ai pris mon courage à deux main et ai alors fait part à l’ensemble de notre troupe de nomade de l’aide dont j’avais besoin pour les jours à venir. Et quelle surprise…Le lendemain, nous étions plus d’une quinzaine à retourner sur les routes dévastées d’Hoi An.

La veille, j’avais promis de revenir voir la famille d’un des défunts. Juste avant j’avais aussi prévenu mes amis que cette dernière étape ne serait pas la plus facile, mais ils ont tenu à suivre. Nous sommes alors retournés voir cette famille si marquée pour leur apporter notre soutien moral et financier, et avons ensemble ensuite été invités à partager quelques verres de thé dans une atmosphère incroyablement religieuse et sereine malgré la terrible tristesse qui marquait les visages de la famille et des amis réunis à cet instant.

Avoir réussi à sensibiliser autant de personnes d’un coup à cette cause était aussi un pari réussi pour moi et j’en avais les larmes aux yeux lorsque Adam, Matthew, Dylan et Jade notamment sont venus me remercier en fin de journée, face à ce coucher de soleil tristement digne du classique « Apocalypse Now« …Mais de rien les amis, c’est moi qui vous remercie d’avoir pu apporter vos dons et votre temps à la rencontres de ceux que l’on à tendance à si facilement oublier.

La vidéo, je vous la livre dès maintenant. Accrochez-vous. J’espère sincèrement que cela vous aidera à réaliser qu’il n’y a pas que Secret Story à la TV (je m’auto-censure à ce propos concernant quelques chaines de télévisions et autres blogueurs « célèbres » que j’ai essayé de contacter – sans succès– et tairai donc leurs noms).

Ne croyez en aucun cas que ces images vidéos ont été « volées« , elles faisaient parti de mon accord passé avec l’association et les personnes rencontrées, pour que cette vidéo puisse rester en ligne le plus longtemps possible et sensibiliser les dons à leurs profits (et peut-être aussi pour être franc et directj’ai appris en ces 10 mois et demi de voyage à ne plus jamais mâcher mes motsque vous bougiez un peu les fesses aussi). Alors… »What are you waiting for…?«