Ce voyage à Marrakech, je l’ai planifié, repoussé. Re-planifié puis re-repoussé. Pour finalement franchir le cap un beau matin de Mars 2015, alors que le thermomètre faisait grise mine en France.

C’était mon 3ème voyage dans le pays, la première depuis cette fantastique odyssée vécue avec mon père en 2012. C’était aussi et surtout la première fois que je me retrouvais en plein cœur d’un endroit réputé très touristique du pays, ayant toujours historiquement navigué hors des sentiers battus…Et je vous propose aujourd’hui ce voyage en vidéo !

« Arnaquesh »

Forcément, on l’entend assez souvent. C’est l’amusant surnom donné à la ville par les locaux, ou les voyageurs habitués. Vous l’aurez compris, face à l’important flux de touristes qui se déverse continuellement dans la ville, la tentation est grande pour certains commerçants de vouloir en tirer un business très lucratif…

C’est une parenthèse shopping mais lorsqu’on évoque Marrakech avec des travelers expérimentés, on en arrive donc souvent à évoquer le côté piégeux des achats que l’on peut y faire. Mon sentiment est partagé, je me plais à considérer que cela fait partir du folklore local et que rien ne m’oblige à acheter les souvenirs que l’on peut me proposer à des prix exorbitants.

Certes, au Maroc, il faut négocier. Et pas qu’un peu ! C’est là qu’intervient tout l’art chez le voyageur de conserver son sang-froid. En toute circonstance et pour apprécier au mieux l’expérience, prenez cet échange comme un jeu ou il faudra garder le sourire en toute circonstance. On y gagne très souvent à boire un petit thé à la menthe à l’abri du soleil écrasant.

Mais comment négocie-t-on en réalité ? À chacun son style et ses techniques. Si j’assume n’avoir jamais été très doué (ni passionné – disons-le, c’est un métier !) par la négoce, ma position sur le sujet est assez claire : diviser le prix par deux dans un premier temps et fonctionner par palier en fonction de la réaction de votre interlocuteur (à noter que cela ne se fait pas, une fois obtenu le prix désiré et passé du temps à négocier, de refuser l’achat).

Dans tous les cas encore une fois, que vous l’emportiez ou non, on en revient souvent à passer un fort bon moment.

Se ressourcer dans un riad chaleureux

Ce que est appréciable et que j’ai énormément aimé au cours de cette escapade à Marrakech, c’est précisément cette possibilité que l’on a à tout instant de passer du vacarme de la ville à la zenitude la plus totale, et ce en l’espace de quelques mètres seulement. De même que lorsqu’il fait trop chaud, comme il est facile de trouver refuge dans ces ruelles fraîches et ventilées !

Un vrai coup de cœur donc pour ce détonnant clash entre brouhaha des artères commerçantes et touristiques et le calme des petites rues adjacentes et non moins dénuées d’intérêts.

Venons-en à l’accueil. S’il est vrai que le Maroc jouit très largement d’une réputation de pays accueillant, je n’ai pu que savourer le fait d’être si chaleureusement reçu, et ce peu importe l’endroit ou je me trouvais. Je ne me formalise pas sur le sujet, il est vrai que je commence à connaître le pays, mais je m’attendais à une baisse de qualité à Marrakech…Bien mal m’en a pris !

Au cours de notre séjour, nous avons eu la chance d’être accueillis en plein coeur d’un riad d’exception, le Riad Jona à deux pas des Palais Bahia et El Baadi, et ce à moins de 10 minutes de la mondialement connue place Jemma el-Fna. Deux terrasses panoramiques en plein cœur de la médina, une piscine chauffée, un jacuzzi et un hammam pour se relaxer après de grosses journées de marche (près de 8h par jour en moyenne en ce qui nous concerne !), de délicieux jus de fruits pressés à toute heure sans parler d’une cuisine raffinée et généreuse: je me souviendrai longtemps de ces petits déjeuners gargantuesques, de ce tajine de poulet aux citrons confits et aux olives !

Un personnel d’une amabilité rare, d’une discrétion qu’il est nécessaire de souligner et aux petits soins avec lequel nous avons pu longuement échanger sur les traditions et coutumes locales, les lieux à ne pas manquer, mais aussi les bonnes adresses gastronomiques à tester…

Et j’y retournerai dans ce riad de charme, ne serait-ce que pour me laisser bercer par le bruit du relayant mur d’eau, c’est promis !

Abuser généreusement des plaisirs culinaires

Et de ce point de vue la, des bonnes surprises, il y en a eu ! Du petit snack caché au détour d’une ruelle, jusqu’aux meilleures tables de la ville, il a fallu faire honneur au défilé monumental de mets et de plats qui défilaient en permanence devant nous : tajines, couscous, brochettes, briouates et autres pastillas…un mix détonnant savamment orchestré par la multitude d’épices qui a su se convier avec brio à la convivialité de nos repas.

Assez de place pour un dessert ? Les pâtisseries marocaines sont nombreuses et deviendront vite un casse tête pour les plus gourmands d’entre vous…Si la plupart d’entre elles se composent principalement d’amandes et de miel, le choix existe bel et bien ! Vous avez un doute ? Tentez les incontournables cornes de gazelles, accompagnées d’un traditionnel thé à la menthe.

Quelques bons plans pour vous régaler sans limites :

Nous avons conclu notre séjour en apothéose lorsqu’il nous a été proposé de passer une soirée au sein du restaurant Azar. Véritable petite pépite située en plein cœur de la nouvelle ville Guéliz, ce restaurant / shisha lounge nous a ouvert le temps d’une soirée les portes d’un petit paradis culinaire.

Aux commandes des fourneaux, trois chefs aux petits soins pour vous proposer une cuisine très élaborée. Foncez les yeux fermés sur les succulents mezzés et ne passez pas non plus à côté de leur incroyable épaule d’agneau (très gros mangeurs, vous serez comblés).

Mais l’Azar, c’est avant tout un show bien huilé. Et le folklore est bien présent : concerts et danses organisés habilement orchestrés pendant le repas, participation active des musiciens, des danseuses et même du public…Tous les ingrédients qui en font l’un des endroits les plus recommandés de la ville.

Une mention toute particulière aux musiciens qui ont assuré un spectacle envoûtant toute la soirée, à mi-chemin entre la musique traditionnelle marocaine et une inspiration plus africaine. Cerise sur le gâteau : le restaurant ferme relativement tard.

Une mention toute particulière au restaurant les Jardins de la Médina situé dans le quartier de la Kasbah, à deux pas du somptueux palais royal, qui nous a séduit par la qualité de ses plats et l’accueil qui nous a été réservé.

Et au final, il y aurait eu tellement d’autres endroits à tester…Je pense que ça sera pour une prochaine fois 😉

Dans un registre tout autre et si l’envie vous prend de vouloir grignoter un coup dans l’après-midi, que ce soit pour un petit sandwich sur le pouce ou encore un couscous à prix sacrifié, le snack Toubkal aux abord de la place Jemma el-Fna est une valeur sûre recommandée par les plus grands guides.

Non loin, le véritable temple culinaire de Marrakech – la place Jemma el-Fna – prend des allures de grande kermesse des sens dès la tombée de la nuit. Au milieu du flux incessant de badauds venus profiter du spectacle, ne manquez une soirée sur place pour rien au monde !

Si une chose m’a principalement impressionné quant à ce lieu atypique, c’est probablement la façon dont ce bazar géant est organisé. De la situation géographique de chaque petit stand ou “artisan du spectacle” à la qualité du couscous proposé, rien n’est laissé au hasard par les autorités et une véritable hiérarchie est constitué parmi les acteurs. Et c’est d’ailleurs plutôt rassurant côté “tourista” et sécurité pour les personnes ayant quelques a priori : un bureau d’hygiène passe très régulièrement effectuer leurs contrôles sanitaires tandis que la police touristique (créée en 1994 par la ville pour accompagner le développement touristique) veille au grain de façon très discrète mais non moins efficace.

Tandis qu’en fin de matinée la place est quasiment déserte en raison de la chaleur, charmeurs de serpents et dresseurs de singes (dans le collimateur de certaines associations en raison du stress et autres maltraitances imposées aux animaux) s’affairent dès le début d’après-midi, avant d’être rejoints par les tatoueuses au henné, conteurs et groupes de musique gnaoua dès la tombée de la nuit. Les Gnaoua ? Une confrérie de descendants d’esclaves noirs déportés au Maghreb par les Arabes et extrêmement riche en histoire, que je vous invite à découvrir ici.

Sur la place Djemaa el-Fna, finie la présence des personnes mutilées établie il y a une vingtaine d’année : priés par le gouvernement d’aller exercer leur activité dans les petites ruelles et au coeur de la nouvelle ville, les mendiants sont également tenus de justifier la nature de leur handicap s’ils veulent continuer d’obtenir une aide de la part de certaines institutions. Au point d’en décourager certains de frauder…!

Que faire pendant un cours séjour à Marrakech ?

Les cigognes du Palais el-Baadi

Laurent m’a spécifié dernièrement qu’il n’avait que rarement vu des cigognes à Marrakech. Il faut croire que je m’y trouvais au moment le plus propice : ces grands oiseaux transitent par le Maroc à la fin de l’hiver pour rejoindre leur pays d’origine et élisent domicile sur les hauteurs de la forteresse. Rien que se retrouver à côté d’elles et d’observer leurs vas et viens incessant, cela vaut clairement le coup de s’acquitter de 15 dirhams (1,5 euros – les droits d’entrée aux monuments Marrachki étant toujours très abordables).

Respirer les odeurs des tanneries

Nous avons eu énormément d’appréhension quant à la visite de ces tanneries – ces fameux entrepôts dédiés au travail au cuir localisés à côté de la porte Bab Debbagh. D’une part par ce que ça puait (sans mauvais jeu de mot) le plan attrape-touristes, et d’autre part parce que tout ce que nous avions pu lire dans les divers guides nous mettaient en garde contre d’éventuels faux guides irrémédiablement liés à des expériences décevantes. Et malgré tout, je dois dire que nous avons été plutôt surpris, dans le bon sens du terme.

Pourquoi ? Parce que nous avons eu droit à quelques commentaires vraiment instructifs et presque pas intéressés de la part de notre guide (qui ne s’est d’ailleurs pas privé de généreusement arroser notre chauffeur de taxi qui avait vu juste de choisir cette tannerie plutôt qu’une autre) et que l’on nous a demandé de verser ce que nous voulions comme pourboire pour la visite (somme toute assez courte – Moins de 10 minutes)

Nous sommes ensuite partis en espérant que nos pourboires soient par la suite équitablement reversés à l’ensemble des travailleurs…Sans grande conviction.

À voir malgré tout néanmoins, ne serait-ce que pour toucher l’espace d’un instant un moment vraiment authentique (un tanneur gagnerait en moyenne 80 dirhams par jour soit l’équivalent de 8 euros) à deux pas de luxueux palaces.

Se perdre volontiers dans le souk

On m’avait prévenu : mieux vaut avoir le sens de l’orientation avant de s’aventurer dans les souks de Marrakech ! Si je n’en mène pas loin, un petit conseil toutefois utile : n’hésitez pas à vous armer d’un plan (très) détaillé du souk comme il en existe parfois dans les guides touristiques. Vous n’êtes en effet jamais à l’abri d’un petit (ou plutôt gros ?) détour par la boutique de votre sauveur…;)

Le souk, s’il pourra très probablement vous paraître très fouillis au premier abord, est un fait un gigantesque marché à l’organisation sans faille. Et on y trouve de tout : Vêtements, métier à tisser, babouches, tapis classiques & berbères, volailles, épices, herbes, pâtisseries, plats divers et variés…

L’avantage dira-t-on, c’est que lorsqu’on finit par se perdre dans ce dédale de ruelles minuscules, c’est qu’on finit par faire le plus de rencontres imprévues et improbables (j’insiste : toujours s’arrêter boire un thé si c’est gentiment proposé !)

À la découverte des vestiges anciens

Les tombeaux Saadiens ont été découverts récemment, en 1917 plus exactement.

Un mausolée qui abrite un regroupement de tombeaux, notamment celui du célèbre Ahmed Al-Mansour, 6ème sultan de la dynastie saadienne, de sa famille et de ses successeurs. Des bijoux de marbres qui sont actuellement en restauration. Lors de notre venue en Mars, les artistes a pied d’oeuvres avaient d’ailleurs laissé un peu traîné leur matériel, ce qui gâchait un peu la vue mais ne détériorait que peu la beauté des lieux …:)

Le Palais Bahia ou l’antre du “gros qui roule”

À deux pas du Palais El Baadi se situe le Palais Bahia, petit trésor architectural et construit de plein pied dans la médina. Légende urbaine ou non, il nous a été rapporté pendant notre visite que si tout à été conçu sans étages, c’était directement lié à l’obésité du premier propriétaire des lieux, Si Moussa, chambellan du sultan Hassan Ier du Maroc. Qui aurait donc plus roulé dans son palais que réellement marché…

Être studieux à la Médersa ben Youssef

Mais ce que j’ai préféré, c’est peut-être la Médersa Ben Youssef. Mon véritable coup de cœur, une école coranique édifiée vers 1570 par les Saadiens et restaurée en 1950. Elle y a pendant un temps accueilli près de 900 étudiants en diverses sciences (notamment la théologie) et qui se répartissaient en 132 chambres. À ce propos, quand on voit la taille des pièces, on se dit que ce ne devait pas être ultra confort tous les jours…La précision et le détail perçu dans chaque salle, sur chaque porte, est un régal pour les yeux. Foncez y faire un tour !

Sentir les fleurs des jardins Majorelle

Une véritable ode à la nature en dehors de la médina, c’est ce petit bout de terre qu’ont découvert Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent lors de leur premier séjour à Marrakech en 1966. Un jardin botanique initialement créé par le célèbre artiste-peintre Jacques Majorelle en 1931 et qui comporte aujourd’hui environ 300 espèces, ouvert au public (attention, l’entrée coûte l’équivalent de 5 euros !) et qu’ils ont racheté en 1980 pour le sauver d’un projet de complexe immobilier.

Yves Saint-Laurent aimait d’ailleurs tellement ce lieu que ses cendres ont été dispersées à sa mort dans la roseraie de la villa Oasis adjacente aux jardins.

Voila donc ce que je recommande si vous décidez de partir quelques jours à Marrakech. Bien entendu, à vous de faire la part des choses et d’optimiser votre timing, le tout étant de trouver le compromis shopping / détente / culture le plus intéressant. Je ne manquerai certainement pas d’y retourner dans un contexte uniquement détente.

Et pour voir l’album photo complet, c’est maintenant en cliquant ici !

En attendant, je dois encore m’atteler à vous montrer quelques images d’une petite excursion réalisée à Essaouira en parallèle de ce voyage…La vidéo prochainement ? Inch’allah !