Lorsque j’étais en Chine, j’avais réservé mes billets de transsibérien. Il s’avère que j’ai effectué en fait le trajet transmongolien, puisque je n’ai pas choisi de passer par Vladivostok et ce au profit de la Mongolie. Train que j’ai failli ne pas prendre en raison d’un sérieux relâchement de ma part au niveau organisation. Car oui, on ne peut pas être « au top » tout le temps !

L’histoire est d’ailleurs un peu risible : la veille de mon départ de Chine, je réalise à 18h00 qu’il est nécessaire d’avoir un visa pour la Mongolie ! Toutes les ambassades sont évidemment fermées, mais grâce à Skype et à un décalage horaire favorable, je parviens à joindre l’ambassade Mongole à Paris. Je leur explique mon cas – méritant très certainement au passage mon titre de guignol de la semaine – mais rien n’y fait : sans visa, je serais d’après eux refoulé à la frontière. Je commence à sérieusement paniquer, car il y a quand même plus de 400 euros de billets de train en jeu

Un jeu très risqué car je n’ai pas non plus mon visa russe : j’ai prévu de le demander en Mongolie, en sachant que je serai très juste au niveau du timing…et un prochain billet viendra par la suite pour expliquer à quel point il est galère d’entrer en Russie !

En insistant au téléphone, j’arriverai à avoir une information capitale de la part de mon interlocutrice en France :

« Il y a eu des cas ou des citoyens français ont réussi à acheter leur visa dans le train, mais sachez que ce n’est pas légal et je ne vous encourage pas à le faire« .

« Trop tard Madame, vous m’avez convaincu ! Merci et bien le bonjour à la tour Effeil pour moi ! »

Le voyage, c’est aussi ce genre d’imprévus, et il en faudrait plus pour m’empêcher de monter dans le train. Je ne suis pas pour autant rassuré, je sais que le risque de rester bloqué en Chine est loin d’être nul. Je suis néanmoins paré à cette éventualité. Dormir dans une gare, c’est du vu et déjà-vu. Je suis par contre plus anxieux sur les répercussions d’une telle perte de temps sur mon voyage en train.

Payant le prix de ma stupidité, j’ai décidé de retirer une centaine d’euros à Beijing au cas ou. Le coût de la corruption que je n’ai estimé sur aucune base.

Dans le train, je rencontrerai Nicole, Jennifer et Ben, 3 étudiants anglais qui habitent à Hong-Kong et qui se sont fixés comme objectif de rallier Londres via le train ! Ils arriveront chez eux juste avant Noël et je passerai un peu de temps avec eux à Ulaanbaatar et Irkutsk. En attendant, nous jouons aux cartes en se rapprochant à grands pas du désert de Gobi

A la frontière Mongole, j’ai choisi de jouer la carte de l’imbécile pour ensuite corrompre en douceur le fonctionnaire auquel j’aurai affaire. Mais les choses seront beaucoup plus simples : je serais simplement débarqué du train et emmené dans un bureau ou l’on me fera payer le prix normal d’un visa « express », c’est à dire environ 25 euros.

« Tout ça pour ça » me direz-vous. Au final oui, mais quel soulagement !

Ulaanbaatar – ou OulanBator– capitale Mongole accessible depuis Beijing avec 24 heures de train compte près d’un million d’habitants. Côté hébergement, je vous conseille la UB Guesthouse, tout d’abord parcequ’il n’y a pas 36 000 possibilités d’hébergement sur place, mais également car c’est de l’avis de nombreux backpackers l’hostel le plus convivial (pour certains un peu même trop convivial même, l’établissement étant relativement petit).

Je n’ai pas grand chose à dire sur cette ville que j’ai trouvé extrêmement déprimante. L’accueil est froid et pour partir à la rencontre de gens plus accueillants, il vous faudra attendre de rentrer au coeur de la steppe. Prenez quand même le temps de vous rendre au monastère de Gandan qui accueille à l’intérieur un immense Buddah de bronze (moins impressionnant qu’à Bangkok, mais tout de même !). Le « fake market » peut avoir son intérêt si vous souhaitez acheter des vêtements chauds avant de partir dans la steppe.

N’oublions pas que la Mongolie est un pays pauvre qui dispose d’une économie modeste. En résulte une ville qui a dans certains coins des allures de « Bagdad sous les bombes« . L’unique building un peu moderne, situé en bordure de la place Sukhbaatar, fait limite tâche au milieu des bâtiments usés. Oulan-Bator est extrêmement polluée et l’énorme nuage de pollution est impressionnant à voir dès que l’on sort de la ville : on passe souvent d’une luminosité très grise à un grand ciel bleu en quelques kilomètres !

De façon générale, ll faut être très méfiant car les pickpockets sont partout. Durant près d’une semaine passée sur place (autant de temps du à un mauvais choix de timing), j’ai entendu 3 histoires assez glauques (dont celle d’un couple de français qui se sont fait dérober passeports, appareils photos, billets de train, vestes…). Ne laissez rien trainer derrière vous, même quelques secondes ! Ne sortez pas non plus seul la nuit car Ulaanbaatar n’est pas une ville très sûre. Inutile de vous dire de ne pas chercher les Mongoles, car ils auront toujours le dernier mot.

J’ai passé une semaine assez étrange sur place, car en raison de l’épidémie H5N1 en progression fulgurante dans la région, le gouvernement a décidé d’appliquer un décret (pour le moins étrange) visant à fermer tous les commerces / restaurants / bars à 21h. C’est donc à cette heure que les rues sombres (l’éclairage est très limité dans la ville) deviennent vraiment désertes. L’heure à laquelle je rentrais en général à l’hostel.

J’ai rencontré un bon nombre de backpackers dans cet hostel justement. Gérald par exemple, marchait depuis le Kazakhstan son sac sur les épaules. Matthieu et Fabrice, deux cousins français, étaient eux aussi sur la fin de leur tour du monde. Nous prendrons par la suite le même train pour partir en direction de la Russie. Sharon et son père Christopher, deux Israëliens adorables, me convaincront définitivement de visiter leur pays. Il y aura aussi Juha, un Finlandais qui m’accompagnera dans mon périple Mongole. J’accrocherai aussi beaucoup avec Rob et Aylsa, deux Australiens géniaux que je retrouverai ensuite par hasard à Moscou. Vincent et Delphine sont également deux backpackers français avec qui je passerai un peu de temps. Sans oublier Hun, un coréén un peu « foufou » qui ferait pâlir le meilleur sketch de Jamel Debouzze.

Ulaanbaatar, c’était la première étape d’un mois de train, le dernier mois de mon voyage. 5800 kilomètres de voie ferrée pour rallier Pékin à Moscou. Une aventure hors norme qui s’annonçait comme un gros « highlight » de mon voyage. Mais cette histoire dans le transsibérien, c’est encore autre chose…