Tout commence ici. Après avoir rechargé un peu les batteries sur le petit bout d’île paradisiaque qu’est Caye Caulker au Belize, il fallait reprendre la route.

Comme prévu, j’ai remis mon sac à dos (je suis passé de 30 kilos sur les épaules à « seulement » 26 après avoir envoyé 4 kilos de souvenirs en France) en compagnie de Sebastian, cet allemand rencontré au Belize. Nous sommes parti à 6 heures du matin de Caye Caulker, en prenant le premier bateau-taxi pour rejoindre la terre ferme.

Retour nostalgique à la station de bus avec une seule idée en tête : le Guatemala.

Ce pays, un tout petit plus grand que l’Angleterre au niveau de la superficie et composé de 13,1 millions d’habitants, est malheureusement connu pour être un des pays les plus dangereux d’Amérique Centrale. Ici, on n’hésite pas à abattre le touriste pour le dépouiller.

Bienvenue au pays ou l’on achète une arme à feu comme on achète une baguette en France…

Cependant, pas besoin non plus d’être parano en permanence. Il faut juste être conscient que le danger est présent et éviter de se mettre dans des situations impossibles. (D’après le Lonely Planet, il vous faut à tout prix éviter d’exhiber bijoux et objets de valeur, éviter de montrer que vous êtes perdu, éviter d’être seul et éviter d’être ivre dans la rue. Mais tout ça c’est du bon sens…)

Bref, revenons en à nos moutons. Je vous disais que notre bus pris à Belize City pour San Ignacio (la dernière grosse ville avant la frontière Guatemaltèque) nous a coûté 7 dollars Beliziens (soit 3,5 dollars US, on divise toujours par deux pour obtenir l’équivalence). Une fois arrivé à San Ignacio, nous voilà obligé de rajouter 1,5 BD pour rejoindre le bout de la route, un tout petit village à quelques kilomètres de la frontière. Sur place, c’est le taxi obligatoire direction la frontière. Négocié à 4 dollars, il nous déposera juste devant le poste frontalier en moins de 5 minutes.

En voulant nous débarrasser de nos dernières devises locales, nous nous ferons arnaquer en beauté au niveau du change proposé par ces personnes éparpillées à la frontière, ce qui donnera lieu par la suite à une vive altercation verbale (il ne faut pas non plus me prendre pour un jambon..). Je me calmerai par la suite, rappelé à l’ordre par ces agents frontaliers et leurs fusils à pompe. Me laissant au passage bien assimiler que mon rôle de touriste se limite parfois à dépenser le plus possible. Si vous êtes dans le coin, je vous conseille fortement d’attendre de trouver un taux plus avantageux et de passer par un bureau de change. Si jamais vous décidez malgré tout de saisir l’opportunité, faîtes vous même le calcul via la calculatrice, et surtout, n’hésitez pas à annoncer « votre » taux dès le départ.

Seulement voilà, nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Au niveau du Belize, il nous faudra nous acquitter de 37,5 dollars Beliziens pour sortir du pays. Je vous laisse imaginer l’état d’énervement dans lequel nous nous sommes trouvés en apprenant cela, alors que nous venions tout juste d’échanger nos dernières devises. Nouveau passage obligé (et très tendu) auprès des « agents de change« .

« Calm down Romain. We need to cross this border« . Sebastian me remet dans le droit chemin. Et puis après tout, ça fait parti de l’apprentissage il parait. Il parait…

Le bouquet final, nous y aurons droit au moment d’obtenir le visa guatemaltèque quelques dizaines de mètres plus tard. On nous annoncera au moment de tamponner le Visa qu’il nous faut à nouveau payer un droit d’entrée.

Seulement voilà, le Lonely Planet, j’ai eu le temps de l’étudier dans mon hamac à Caye Caulker. Il y est bien écrit noir sur blanc qu’il n’est pas nécessaire de payer. Dans un espagnol encore hésitant, je lui explique que je connais la loi et qu’il n’est pas question de lâcher le moindre dollar. Il nous fera passer sur une autre file ou finalement après 10 minutes d’attente on nous restitura nos passeports visés, et ce sans aucune contrepartie financière. Les deux couples d’américains derrière nous n’auront pas la patience ce creuser le problème et paieront le prix de la corruption.

Encore une fois donc, si cela vous arrive, sachez que vous n’avez pas à payer le moindre centime pour entrer au Guatemala (précisez quand même que vous ne restez qu’une durée limitée dans le pays et surtout que vous ne revenez pas après).

Il existe depuis peu un accord entre le Guatemala, le Salvador, le Honduras et le Nicaragua qui stipule que le premier visa obtenu dans un de ces pays vous exempte de taxes dans les autres pays cités. Cela étant, l’information est un peu ambigue car le Lonely Planet précise aussi qu’il faut s’acquitter de 5 dollars US à l’entrée au Nicaragua (j’ai du les payer, tout comme 3 dollars au Honduras, j’y reviendrai dans un prochain article…)

Une fois la frontière passée, nous ne mettrons que quelques minutes pour trouver un bus en direction de Flores, à 62 km de Tikal, notre premier objectif. A mi-chemin, alors que la totalité des passagers reste dans le bus, nous choisirons de descendre du bus pour prendre la route du Tikal. Nous sommes Dimanche, les collectivo se font rares, il n’y a pas d’autre solution que de prendre du taxi. Pour 20 dollars US, nous serons en 40 minutes à Tikal.

Mais sur place, c’est une autre galère qui nous attends. L’électricité, ça s’économise dans une zone aussi reculée et surtout située en plein milieu de la jungle. En résulte une absence totale de distributeur automatique ! Chose absolument occultée dans le Lonely Planet (c’est d’ailleurs assez scandaleux pour une information de cette importance) Je n’ose pas imaginer le nombre de touristes qui ont du se faire piéger une fois sur place. Heureusement, fidèles lecteurs que vous êtes, vous vous êtes aperçu que depuis le début de mon voyage, j’arrive (pour le moment) toujours à retomber sur mes pattes. Avec Sebastian (puisque nous sommes toujours dans le même bateau), nous rencontrerons deux américaines, Sofie et Christie, qui accepteront de nous avancer de quoi payer l’entrée du parc (150 Quetzal soit environ 20 dollars US) en contrepartie d’un virement en ligne.

Notre fin d’après midi sera l’occasion de partir à la découverte de ces ruines mondialement connues une première fois.

Une fois que le soleil commence à tomber, c’est la que la nature nous impose sa force. Les hurlements des singes, les cris des oiseaux et la nuit qui s’abat sur la jungle nous plonge dans une atmosphère paranormale. Nous rentrerons tranquillement à la « base » dans le noir le plus total.

Le Gran Plaza à Tikal

A noter que si vous arrivez à Tikal après 3 heures, votre billet sera aussi valide la journée du lendemain.

Choisissant la formule la moins honereuse, nous choisissons de passer une nuit dans la tente, à l’entrée de la jungle. Ambiance tropicale avec de très nombreux moustiques et bestioles en tout genre. Je me ferai dévorer par des espèces de puces : 46 piqures dans la nuit, je vous met au défi de faire mieux.

Nous passerons la matinée à visiter à nouveau l’ensemble des complexes dispersés dans la jungle.

Vue sur la jungle depuis un temple

Mais voilà, Tikal a beau être un site impressionnant, quelques heures vous suffiront à tout voir (il nous en faudra 5 environ). Nous décidons de reprendre la route via un chicken bus. Arrivés à Flores, nous aurons alors toute l’après midi pour profiter de cette petite presqu’île absolument charmante. Petite baignade dans le lac pour moi au coucher du soleil, chaleur étouffante oblige. L’occasion aussi de se balader dans ce petit village très coloré. Distribution de sourires dans la rue. Ce sentiment d’être en harmonie parfaite avec les gens qui vous entourent. Enormément de respect mutuel avec ces personnes « vraies« . Les gens sont là, assis sur leurs chaises en pleine rue. Ils vous voient arriver de loin et vous devenez alors très souvent le centre de toutes les conversations, sourires en coin à la clef. Je ne pourrai pas oublier ces « hola » échangés avec eux. Un tendre mélange de curiosité et d’affection. Très souvent, ce sont les personnes les plus âgées, les « anciens » du village. Ils n’ont plus de dents mais qu’importe ? Depuis quand a t-on besoin de dents pour sourire ?

Coucher de soleil sur Flores

Car ce que j’ai remarqué au Guatemala et en comparaison au Mexique par exemple, c’est l’ouverture démesurée de ses habitants. La chaleur humaine incomparable qui plus d’une fois m’a fait avoir vraiment honte de mon pays (Ne généralisons pas trop tout de même).

Car ici, et j’aurai l’occasion de m’en rendre compte encore plus tard (notamment au Salvador et au Nicaragua), même les habitants les plus pauvres trouvent la force de vous recevoir de la façon la plus digne possible, et surtout de vous offrir ces sourires qui font si chaud au coeur.

Flores, Guatemala

Nous rencontrerons 4 britanniques qui se rendent aussi à Antigua. Eux aussi voyagent depuis quelques temps en Amérique Centrale. Mais pour se rendre à Antigua, c’est le passage obligé par une des villes (si ce n’est LA ville) les plus dangereuse de tout le continent Américain.

Guatemala City est une ville sale, en grande partie délabrée, et qui transpire l’insécurité.

Une semaine avant notre arrivée, 3 nouveaux chauffeurs de bus ont été abattus en pleine journée. Le quotidien d’un Guatemala en proie à une violence grandissante. Si vous envisagez un voyage dans le pays, évitez si possible les bus de nuit, surtout au retour de lieux touristiques. Les braquages qui surviennent sur la route sont monnaie courante. Le bus est en général stoppé sur la route, les voyageurs dépouillés sous la menace d’armes à feu . Si cela vous arrive, ne résistez pas face à vos agresseurs, ils n’hésiteront pas à vous tirer dessus, le crime restant très souvent impuni. A tel point que le gouvernement Guatemaltèque a voté récemment une loi visant à condamner à la peine de mort toute personne venant à porter atteinte à la sécurité des touristes !

6 heures du matin à Guatemala City

Car au Guatemala, comme partout en Amérique Centrale d’ailleurs, le tourisme est très souvent un moyen de survie pour les populations locales. En résulte certaines mesures de sécurité en progrès, comme la mise en place d’une police touristique dans certaines zones très fréquentées (Tikal, Flores, Antigua…)

Malgré tout, ne perdez pas de temps à Guatemala City, réputée ville ultra dangereuse (assassinats quotidiens par exemple), et préférez des endroits plus touristiques, comme Antigua.

Antigua, nous y voilà d’ailleurs…Dans cette ville située à environ 45 mn en bus de Guatemala City…

Une ruelle à Antigua

Hasard du calendrier, nous sommes en pleine semaine sainte, la « Semana Santa« . Le moment ou de nombreux habitants du pays affluent pour célébrer Jesus Christ. Toute la semaine, on peut assister à de larges défilés, les « Processions« , pendant lesquelles les villageois portent de larges et impressionnant « temples » à la gloire de Jesus et de la vierge Marie.

L’odeur de l’encens qui parfume les rues. Cette ferveur impressionnante qui vous donne une idée de l’importance de la religion en ces terres.

« Attention à vos poches !« , on nous le répètera un nombre incalculable de fois. Car si ce rassemblement attire de nombreux locaux, il est aussi très apprécié des touristes, et les pickpockets le savent. Je rencontrerai cette Allemande d’un certain âge qui me montrera les poches éventrées de son pantalon en toile. Elle venait de retirer une importante somme d’argent et c’était fait suivre par d’habiles voleurs équipés de cutters.

Coup de chance phénoménal, Sebastian connaît une amie à lui sur place qui travaille en tant que volontaire pour le compte d’une association humanitaire. Je ne pouvais pas mieux tomber et c’est avec beaucoup d’impatience que j’attend d’en savoir plus pour pouvoir mettre à profit mon temps et mon argent.

Superbe rencontre avec ces volontaires que sont Rory (Irlandais), Josh (Américain), Alicia (Chinoise) et Katarina (Allemande). Nous seront hébergés par l’association dans ses locaux pendant 2 jours.

Notre première journée sur place est l’occasion de partir à la conquête du volcan Pacaya, malgré la nuit glaciale passée dans le bus (clim à fond comme toujours…), et donc sans réel sommeil. Pacaya fait partie des 3 volcans encore en activité dans le pays.

Ambiance très internationale avec américains, canadiens, allemands et français ! Notre guide s’appelle Raoul et c’est avec lui que nous passerons 1 heure et demie à atteindre le volcan (guide obligatoire car le risque d’attaque armée sur le volcan n’est pas négligeable).

Début de l’ascension du volcan

Il fait chaud, et surtout la terre noire sur laquelle nous marchons propulse dans l’air une poussière très…volcanique ! La pente est plutôt raide, la végétation dense autour de nous, et pendant que nous gravissons la montagne, Raoul prend le temps de nous présenter quelques espèces végétales que nous croisons sur la route.

Nous voilà enfin arrivés au volcan. Le spectacle est grandiose. A quelques mètres de nous, la lave s’échappe du sol. Il fait un peu froid car nous sommes à près de 2500 mètre d’altitude. Le vent qui souffle soulève ces blocs de roche en fusion. Vous voulez des vidéos ? Il vous faudra encore attendre un peu…

Le Volcan Pacaya

La précaution est de mise mais une fois que le guide a les yeux tournés, il faut en profiter. Je monterai juste en dessous du cratère en compagnie de 2 américains sous les yeux incrédules de la masse restée en contrebas. S’il y a le moindre problème, nous sommes tous morts…(cela dit, les autres touristes en dessous de nous également, mais moins rapidement !) Nous nous confortons dans l’idée que une éruption ça n’arrive pas tous les jours..Néanmoins, nous ne franchirons pas la dernière dizaine de mètres qui nous sépare de l’ultime point d’ou s’échappe toute cette fumée…(Il y a quelques années, un touriste français serait mort en voulant prendre des photos un peu trop près…information à vérifier). Prendre des risques, c’est bien, mais les mesurer, c’est mieux. Les photos parlent d’elles mêmes…. Le sol est bouillant, nous sentons la pression sous nos pieds.

Au sommet, je ramasserais un peu de terre et quelques roches pour une personne en particulier..

Juste en dessous du cratère

Le matin même de notre visite, un accident à eu lieu, et une fille s’est retrouvée gravement brûlée sur tout le dos, son sac à dos lui ayant probablement sauvé la vie (il a entièrement fondu). Nous l’apprendrons dans le bus en rentrant…

Au niveau géologie, il faut savoir que le Guatemala se situe à la confluence de 3 plaques tectoniques, ce qui résulte en de très fréquents tremblements de terre (nous en avons ressenti un très léger à Antigua le jour de notre arrivée !) et de plus rares éruptions.Le dernier tremblement de terre le plus important à eu lieu en 1976. Mais le Guatemala, c’est aussi plus de 8000 espèces différentes de plantes, réparties dans 19 écosystèmes. La faune n’est pas non plus épargnée par cette abondance puisque l’on comptabilise dans le pays 250 espèces de mammifères, 600 espèces d’oiseaux, 200 espèces de reptiles et d’amphibiens, sans compter les nombreux papillons et autres insectes en tous genres.

Soleil couchant sur les volcans du Guatemala

Après cette très longue journée, nous nous aventurerons un peu le soir dans Antigua (faire très attention à ne pas se balader seul la nuit par mesure de sécurité), et assisterons dans un bar au concert de Julie, jeune Canadienne à la voix exceptionnellement belle, et qui se trouve être une connaissance de l’association.

Le lendemain, je pars en direction de San Mateo, petit village perdu dans les montagnes près d’Antigua, pour y poursuivre la rencontre des responsables d’une l’association. Cette association propose de l’aide aux enfants au niveau de l’éducation, dans une région ou aucune aide de l’Etat ne parvient à ce niveau.

Aujourd’hui, c’est un évenement un peu spécial car les processions ont également lieu dans le village. Nous passerons l’après-midi à aider les enfants et les villageois à préparer les tapis de fleurs utilisés pendant les processions. Pour les photos, c’est ici que ça se passe.

Tapis de fleurs à San Mateo

Procéssion à San Mateo

Toute ma vie, je me souviendrai de cette journée.

Note importante : Le Guatemala est un pays dangereux. Les menaces sont belles et bien présentes. Il convient de respecter certaines règles, notamment pour assurer la sécurité des enfants dont il est question. J’ai été prié par l’association de retirer certaines parties de l’article un peu trop personnelles, et même de faire disparaître le nom de l’association. Je le regrette mais je ne veux causer de tort à personne.

Quelques enfants du village

En l’espace de quelques heures, je crois n’avoir rarement eu aussi mal au coeur de toute ma vie.

Mais si je ne vois à ce moment que la partie émergée de l’iceberg, j’apprendrais par la suite que lorsque ces enfants rentreront chez eux, ils ne mangeront pas à leur faim, dormiront par terre faute de lit,  auront froid et seront parfois même confronté à la violence familiale.

Egalement, je crois n’avoir rarement pris autant de plaisir à voir s’afficher ces sourires, cadeaux d’une valeur inestimable offerts par les enfants comme par le reste du village. Nous sommes restés de 1 heure à 8h du soir sur place, mais jamais une après-midi n’est passé aussi vite pour moi.

Tourniquet de fortune pour cette petite Guatemaltèque !

Un gros pincement au coeur au moment de quitter ces enfants qui nous font de larges gestes d’adieu. Avec ce sourire. Toujours ce même sourire…

Pour les autres volontaires présents à ce moment là, c’est juste une autre journée qui s’achève et le respect que j’ai pour le travail qu’ils accomplissent est énorme.

L’association, et plus particulièrement Katarina qui s’occupe du projet, est en ce moment entrain de lever des fonds afin de pouvoir payer un deuxième professeur. Vous aurez très vite droit à une visite guidée du lieu grâce aux images que j’ai pu tourner durant la journée.

Il lui manque environ 400 euros pour pouvoir payer un professeur pour les enfants, à raison de 1100 euros l’année. Grâce à mon travail toujours en cours, j’ai pu laisser sur place environ une centaine d’euros. Nous avons besoin de votre générosité ! Si chacun ne donne ne serai-ce qu’un euro, l’objectif peut-être atteint très rapidement. Je vous rappelle que les dons sont possibles via cette page. J’ai promis à Katarina de faire mon maximum pour récolter quelques dons pour l’association. Merci à ceux qui auront le coeur de joindre cette cause ! A noter que vous pouvez également effectuer un don via cette page (en Allemand) dédiée au projet.