A l’entrée de l’Amérique centrale, me voilà de nouveau armé de mes deux sacs à dos (mes épaules avaient oubliés à quel point c’était lourd !), la voiture de location ayant été rendue à San Diego.

C’est le moment de prendre le billet de bus ultime grâce à mon Discovey Pass. Je quitte alors San Diego pour parcourir mes derniers miles aux Etats-Unis. Plus que quelques dizaines de minutes et je serai au Mexique. Je garderai un mauvais souvenir de mes derniers instants sur le sol américain : on me confisquera mon couteau suisse, sous prétexte que Tijuana n’est pas « l’endroit approprié » (A ce propos, si vous effectuez ce même trajet, ne déclarez pas ce type de matériel au douanier et rangez le bien au fond de votre sac).

Le passage à la douane se fera en douceur (mon passeport n’a pas été visé, mon identité même pas été contrôlé !). En revanche, il suffit de regarder de l’autre côté de la route pour s’apercevoir que visiblement, ce n’est pas aussi facile de rentrer aux USA…Tijuana a en effet la triste réputation d’être une des villes les plus violentes du Mexique et reste un point d’entrée majeur de la drogue sud-américaine aux Etats-Unis (les immigrants illégaux préférant la plupart du temps tenter leurs chances depuis les régions désertiques plus à l’Est). Pour info, 20 minutes vous fait état des derniers règlements de compte perpétrés dans la ville, sur cette carte. Ca en fait des morts, hein ? On m’a répété à maintes reprises que Tijuana était une ville très dangereuse à partir de la tombé de la nuit, mais il faut croire que je ne me suis pas balladé dans les quartiers les plus « chauds »…

En parlant de carte, en voici une du parcours prévu au Mexique pour le mois à venir. Un itinéraire que j’avais déjà préparé il y a quelques temps, mais que j’ai du modifier à la dernière minute…

Au programme : la région de Sonora, Guadalajara, Guanajuato, San Miguel de Allende, Mexico City, Acapulco, Oaxaca, Chiapas, Yucata, Cancun et Tulum.

Ce n’est pas encore ça au niveau de la langue (j’apprends l’espagnol depuis peu), et donc la barrière est forte pour le moment, mais ça devrait s’améliorer assez vite. En ce qui concerne mes premières impressions, j’ai été vraiment surpris par le dépaysement offert par la ville : les maisons de toutes les couleurs, l’odeur de la viande omniprésente, le style de vie encore plus décontracté qu’en Californie (et il faut le faire…), le ratio très élevé moustache / habitant, les prix défiant toute concurrence affichés de partout (J’ai dormi dans un Motel miteux pour environ 7 euros). C’est aussi la première fois que je suis dévisagé de la sorte depuis le début de mon voyage. De partout, les gens me regardent comme un extraterrestre. Et pour cause, je n’ai croisé aucun touriste en 24 heures.

Tijuana

Niveau santé, il m’arrive en ce moment quelque chose de pas très drôle et si cela se reproduit à nouveau, il faudra que j’aille vite consulter un medecin avant d’entrer définitivement dans les régions les plus pauvres au monde (mais au final, c’est sûrement là que l’expression « être livré à soi-même » prendra tout son sens).

Car oui, ça y est, le début de l’aventure, la vraie. Le Canada et les Etats-Unis n’étaient que de la rigolade. Un entraînement intensif et nécessaire malgré tout, qui m’a enseigné une manière de voyager, à forgé mes épaules et ma résistance au mal de dos. Reste le mental. Je me durci de jours en jours, je commence à en prendre la mesure.

Je pensais avoir ces angoisses car à présent se profilent très certainement les mois les plus difficiles à vivre de l’aventure. J’ai ravalé tout ça, attaché mon bandana de Rambo, pris une dernière grande inspiration et j’ai plongé dans le grand bain. J’ai complètement changé d’état d’esprit et j’ai choisi à présent de donner une dimension humanitaire à ce voyage. Des explications bientôt.

C’est parti pour 4 mois 1/2 dans le Sud Américain. Même pas peur.