Lorsque j’ai rencontré Tania Houlbert, c’était à Paris, un soir de 2011 et au cours d’un des tous premiers apéros voyageurs. Sa passion de l’image et son talent à l’oeuvre ne m’ayant jamais laissé indifférent, je me suis naturellement et toujours intéressé de près ou de loin aux vidéos qu’elle réalisait. Au fil du temps, nous avons parfois échangé de petits mais précieux conseils techniques et je dois dire que c’était plaisant.

Borealis, c’est l’histoire de deux français partant à la découverte de la Laponie Suédoise durant un mois, sur la trace de deux autres compatriotes bleu blanc rouge ayant fait le choix d’adopter une meute de chiens sur place.

J’ai donc décidé de vous faire découvrir ce superbe projet à travers le teaser du film ainsi qu’avec une petite interview de l’intéressée…

Comment est né le projet Boréalis ? Pourquoi la Suède ? Pourquoi les chiens ? Mais pourquoi ?!

Borealis est né en Février 2010, 3.600Kg, la mère est en pleine forme, merci. En vrai je pense que Borealis était dans ma tête depuis bien plus longtemps : depuis mon enfance où je regardais Croc Blanc en boucle, jusqu’à mon premier raid en traîneau à chiens pour mes 20 ans (en passant par mes nombreuses lectures de Jack London). J’ai toujours été curieuse de découvrir la vie en meute, d’observer une hiérarchie primitive, qui se rapproche de celle des loups. Et quand j’ai fait ma première sortie en traîneau dans le Jura, j’ai eu envie de partager ces sensations, et de plonger dans le quotidien des éleveurs de chiens (les mushers).

La Suède, car de fil en aiguille j’ai pu prendre contact avec des français expatriés là-bas. Je voulais que le documentaire touche un public large, et le fait de ne pas avoir de barrière de la langue était un plus. La Laponie, c’est également une région méconnue, la dernière région déserte d’Europe.

Et voilà Borealis était né : se confronter au quotidien de français qui ont tout quitté pour vivre de leur passion, ça donne des idées, ça fait réfléchir à sa propre vie. Créer des liens avec une meute de chiens et vivre dans le grand froid, ça ramène aux choses simples de la vie, c’est une expérience forte !

Ton meilleur souvenir de ce voyage ? Le pire ?

Mon meilleur souvenir de ce voyage… Il y en a tellement, c’est difficile ! La première aurore boréale, non seulement par la magie du moment, mais aussi car avec Guillaume on l’attendait, on en rêvait depuis des mois… Ce moment où on s’est serré dans les bras comme pour se dire “on y est, on a réussi”… Et puis ensuite boire une bière tous les 4 et manger des chips en plein milieu de la forêt pendant que l’appareil fait son timelapse de son côté ! La vie quoi !

Le pire… Il y en a deux : le sauna qui a pris feu pendant qu’on tournait une scène, un bon coup de flippe mais qui nous fait rire quand on en reparle ! Et le premier jour de tournage : le temps était affreux, mes images n’avaient aucun contraste… J’ai eu peur, je me suis mise la pression, et puis finalement le lendemain on a tourné de super scènes et le moral était revenu 🙂

Quelles ont été les étapes clefs de la réalisation du film ? Quelles difficultés rencontrées du tournage à la post-production ? Quel souvenir en gardes-tu ?

Le projet était prévu avec un autre musher au départ, avec qui j’étais moins à l’aise, et à cause de soucis de santé, qui a quitté le projet (ainsi que ses chiens… adoptés ensuite par Steph et Rémy, les protagonistes du film). Du coup ce fut une immense étape, un ascenseur émotionnel : croire à la fin de l’histoire, puis reprendre le projet en main et mettre les bouchées doubles : Guillaume est venu m’assister, j’ai écrit un vrai scénario, j’ai fait de ce docu un projet qui me ressemble.

On s’était vraiment bien préparé au froid, la rencontre de Steph et Rémy fut une belle surprise, une belle amitié… Le tournage était vraiment génial. Pour la post-production, le plan de montage était vraiment préparé, nous n’étions pas perdus, un ami compositeur a fait un travail de fou directement sur les images… Une grande chance. Mais la première version ne me convenait pas, ça ne ressemblait pas à ce que j’imaginais. Alors on a repensé le plan, tout était déjà monté, il suffisait de revoir l’ordre, donc petit frayeur mais seulement passagère !

Ensuite les difficultés, c’était de retrouver l’énergie pour sortir le DVD, être projeté dans des festivals… Quand tu as bossé 2 ans sur un projet, tu as parfois envie de déléguer le côté administratif ! Mais c’est un docu fait-maison, ça devait le rester 🙂 (on ne dit pas non à un diffuseur tout de même)

Un message à faire passer ?

« Vis tes rêves plutôt que de rêver ta vie »… AHAHAH j’aime tellement balancer ce genre de phrase philosophique ! Ça me ressemble tant ! (second degré). Pour finir je préfèrerais dire qu’on en a bavé avec Guillaume pour faire ce projet, que toute personne qui veut réaliser un rêve mais sans en avoir le budget en bavera très certainement. Mais aucun regret, ça nous a apporté une énorme dose d’énergies positives, pour continuer sur notre lancée ! Se donner les moyens de se faire plaisir, c’est loin d’être facile, mais ce genre d’expérience te donne des ailes pour tout le reste de ta vie 🙂

Tania, c’est aussi la talentueuse touche à tout qui a gentiment réalisé l’introduction de ma dernière vidéo sur l’Ile de Ré. Alors encore merci et bravo à elle et à toute son équipe pour cette aventure menée de mains de maîtres. Pour avoir vécu une expérience similaire en réalisant le long métrage Backpacker, je tire à ces passionnés mon chapeau pour la persévérance dont ils ont fait preuve pour mener ce projet à bout.

Et pour commander le DVD, on se précipite ici !